
Jeudi à l’aube, l’armée russe a débuté une invasion de l’Ukraine sous forme d’attaques coordonnées sur plusieurs fronts au nord et à l’est du pays. Une offensive qui a suscité de vives réactions à l’international.
Deux jours après avoir reconnu l’indépendance des régions séparatistes pro-russes de l’est de l’Ukraine, Vladimir Poutine a annoncé dans la nuit de mercredi 23 à jeudi 24 février le début d’une opération militaire en Ukraine où de puissantes explosions et les sirènes d’alerte aérienne ont retenti dans plusieurs villes. Kiev a affirmé qu’une « invasion de grande ampleur » était en cours selon l’Agence France Presse.
Le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a affirmé aux journalistes que Moscou avait pour objectif l’imposition d’un « statut neutre » à l’Ukraine, sa démilitarisation et l’élimination des « nazis » qui selon lui se trouvent dans le pays.
Aux premières heures du conflit ce jeudi, un conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelensky a rapporté qu’au moins 40 soldats ukrainiens et une dizaine de civils ont été tués.
« Je sais que plus de 40 militaires ukrainiens ont été tués et plusieurs dizaines blessés et il est question d’une dizaine de civils tués », à travers le pays, a déclaré Oleksiy Arestovych. Des pertes causées par des frappes aériennes et de missiles, a-t-il précisé.
De son côté, le président ukrainien a donné l’ordre à ses troupes d’infliger le maximum de pertes aux militaires russes qui envahissent son pays, a indiqué sur Facebook le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, le général Valery Zaloujni. Il a ajouté que l’armée « contrait avec dignité » les attaques ennemies. L’Ukraine affirme avoir tué « près de 50 occupants russes » à l’est du pays.
L’AFP a révélé sut Twitter des images de Kiev ce matin où l’on voit les habitants fuir la ville pour se mettre à l’abri.
Dans le métro de Kiev ce matin, des dizaines d'habitants tentent de se mettre à l'abri ou de quitter la ville. Des voitures remplies de familles filent vers l'extérieur de la la capitale, l'ouest ou à la campagne, au plus loin de la frontière russe, située à 400 km #AFP pic.twitter.com/jk1qG8kDUP
— Agence France-Presse (@afpfr) February 24, 2022
Selon le ministère ukrainien des Affaires étrangères, l’opération russe en cours vise à « détruire l’État ukrainien, s’emparer de son territoire par la force et établir une occupation ». Le pays a appelé la communauté internationale à « agir immédiatement ». « Seules des actions unies et fortes peuvent arrêter l’agression de l’Ukraine par Vladimir Poutine », ajoute ce texte.
Après des mois d’efforts diplomatiques pour éviter la guerre, l’attaque russe a déclenché de nombreuses condamnations à l’international.
À commencer par le président français, Emmanuel Macron qui a déclaré condamner « fermement la décision de la Russie de faire la guerre à l’Ukraine » et a appelé Moscou à « mettre immédiatement fin à ses opérations militaires ».
Le chef de l’Etat s’est par ailleurs entretenu avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qu’il a eu « sur son portable », et qui a « demandé des interventions multiples pour soutenir l’Ukraine » et de « faire unité en Européens », selon l’Elysée. Emmanuel Macron « lui a affirmé tout le soutien et la solidarité de la France ».
Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, a également condamné les « événements horribles en Ukraine », estimant que le président russe Vladimir Poutine « a choisi la voie de l’effusion de sang et de la destruction en lançant cette attaque non provoquée ».
I am appalled by the horrific events in Ukraine and I have spoken to President Zelenskyy to discuss next steps.
President Putin has chosen a path of bloodshed and destruction by launching this unprovoked attack on Ukraine.
The UK and our allies will respond decisively.
— Boris Johnson (@BorisJohnson) February 24, 2022
« Le Royaume-Uni et nos alliés répondront de manière décisive », a-t-il tweeté, ajoutant que comme Emmanuel Macron, il avait échangé avec le président ukrainien.
Le gouvernement polonais a, lui, annoncé avoir demandé à l’Otan d’activer l’article 4 du traité de l’Alliance qui prévoit des consultations en cas de menace à la sécurité de l’une des parties.
En outre, une « réunion extraordinaire » du Comité des ministres du Conseil de l’Europe est attendue en début d’après-midi au siège de l’organisation à Strasbourg a annoncé à l’AFP le porte-parole du Conseil de l’Europe Daniel Holtgen.
Après l’annonce de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres s’est adressé à Vladimir Poutine l’exhortant « au nom de l’humanité » à ramener ses troupes en Russie pour éviter « ce qui pourrait être la pire guerre depuis le début du siècle ».
« Au nom de l’humanité, ramenez vos troupes en Russie. Au nom de l’humanité, ne permettons pas que commence en Europe ce qui pourrait être la pire guerre depuis le début du siècle, avec des conséquences non seulement dévastatrices pour l’Ukraine, non seulement tragiques pour la Fédération de Russie, mais avec un impact que nous ne pouvons même pas prévoir s’agissant des conséquences pour l’économie mondiale à un moment où nous sortons de la (pandémie de) COVID et où tant de pays en développement ont absolument besoin d’avoir de l’espace pour la reprise qui serait très, très difficile, avec les prix élevés du pétrole, avec l’arrêt des exportations de blé d’Ukraine et la hausse des taux d’intérêt causée par l’instabilité des marchés internationaux ».
Face au conflit : jeûne, prière et adoration
Hier, à l’issue de son audience générale, le pape François a lancé un appel pour la paix en Ukraine. Il a invité les chrétiens du monde entier à jeûner et à prier mercredi 2 mars prochain.
« Jésus nous a enseigné qu’il faut répondre à l’absurdité diabolique de la violence avec les armes de Dieu, par la prière et le jeûne », a déclaré le pontife argentin.
Des propos qui font échos à ceux du pasteur ukrainien, Kyzmenko Dmytro, qui déclarait il y a quelques jours que face à l’incertitude et à la peur, les chrétiens de son pays déployaient leurs armes : la prière et l’adoration.
« Nous les encourageons à se tourner vers Jésus de toutes nos forces car ce n’est que par la prière que nous pouvons maintenir la paix dans notre pays », avait alors affirmé le pasteur de l’église New Generation de Lviv.
Camille Westphal Perrier (avec AFP)